Drishta-anushravika-vishaya-vitrishnasya vashïkara-samjna vaïragyam (YS de Patanjali)

Le non-attachement est induit par un état de conscience totale qui libère du désir face au monde qui nous entoure.

Ma quête. Arriver à vivre enfin le lâcher-prise. Depuis des années qu’on m’en parlait et qu’on me disait qu’il était la source de tout début d’évolution vers la sérénité, je voulais enfin y gouter. Le yoga allait me donner les clés. D'un point de vue étymologique, lâcher-prise signifie “laisser aller ce qui retient”. Des choses j’en retenais vraiment tout en sachant qu’elles m’étaient nocives. Pantanjali dans les yogas sutras parle de deux qualités à travailler : Abyasa, la pratique et Vairagya, le détachement donc l’absence de passion. J'ai adoré sincèrement découvrir que j’allais vers le détachement. C’est un vœu tellement important pour moi, je dois avouer dans mes prières avoir maintes fois demandé de l’aide pour vivre dans le détachement. Je prenais conscience, lors de mon cursus, que j’allais pouvoir moi-même accéder à cet état avec la pratique du yoga. Le détachement est primordial afin je puisse progressivement prendre du recul dans toutes mes actions. J'ai appris à devenir observateur et en ne m’identifiant plus, ni à mes émotions, ni à mes pensées. J’ai commencé ainsi à enchainer des heures de pratique, inlassablement répéter les asanas au travers de gestes appliqués et selon mon corps du moment, mes fragilités, avec une ferveur teintée de passion (Abyasa). Pour autant, je devais appliquer le lâcher-prise dans le sens d’abandonner l’idée de contrôle absolu sur ma vie que ce soit en lien direct avec moi mais aussi sur les gens qui m’entourent, ceux que j’aime, ceux que je côtoie. Et des aléas la vie nous en propose à foison, du plus léger au plus difficile, d’un café renversé sur un clavier, au décès d’un être cher... j’ai passé beaucoup de temps et d’énergie à essayer de toujours “contourner” ces aléas, ou de les prendre de pleine face, sans filtre ! J'ai depuis appris à “laisser être” les choses, à accepter (même si parfois c’est encore dur) les choses; ne pas me laisser débordée par la sensation de perte, de manque, d’injustice, il me faut revenir à moi, garder un espace de recul par rapport aux événements, quelque part en gardant une clarté mentale pour aller de l’avant. J'ai appris que ce lâcher prise arrive lorsqu’on est conscient que tout change partout et en permanence et que l’illusion de tout maîtriser est un gouffre.

C'est aussi ça le yoga pour moi...